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La FCCQ propose de taxer de 40 à 60% les voitures électriques chinoises

François Normand|Mis à jour le 13 août 2024

La FCCQ propose de taxer de 40 à 60% les voitures électriques chinoises

Le constructeur automobile chinois BYD vend un de ses modèles aussi peu que 13 000$US (17 547$CA). À titre de comparaison, la Nissan Leaf 2025 (un véhicule de base et moyen de gamme) se vend environ 41 748$ au Québec. (Photo: Getty Images)

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) souhaite qu’Ottawa impose des tarifs de 40% à 60% sur les importations de voitures électriques chinoises. Ils permettraient ainsi de protéger l’industrie canadienne naissante de voitures électriques, incluant la filière batterie au Québec, contre les «subventions déloyales» de la Chine à son industrie.

La FCCQ a fait cette proposition dans une lettre datée du 1er août envoyée à la Division de la politique commerciale internationale du ministère des Finances à Ottawa, et ce, dans le cadre de la consultation sur les véhicules électriques.

Aux États-Unis, le Center for Strategic and International Studies (CSIS), un think tank de Washington, estime que les subventions directes totales aux constructeurs chinois de voitures électriques se sont élevées à plus de 230 milliards de dollars américains (316G$CA) entre 2009 et 2023, dont plus de 45G$US par année en 2022 et 2023.

Ces estimations ne tiennent pas compte des prêts au rabais accordés par les banques chinoises aux manufacturiers de véhicules électriques en Chine.

Ottawa impose actuellement un tarif de 6%

Actuellement, le Canada impose un tarif de 6% sur les importations de voitures électriques chinoises, qui représente à peine 1,2% de tous les véhicules électriques importés sur le marché canadien.  

Du moins, pour l’instant, estiment des analystes.

Le fabricant chinois BYD a commencé à exporter ses voitures électriques à bas prix dans le monde. Or, ses véhicules représentent une menace importante pour les manufacturiers et leurs fournisseurs (incluant les batteries) dans les pays développés, dont le Canada.

Au quatrième trimestre de 2023, BYD a même vendu plus de voitures dans le monde que l’américaine Tesla, ce qui annonce une tendance lourde en faveur de l’industrie chinoise si les pays développés ne réagissent pas.

En juillet, le gouvernement de Justin Trudeau a d’ailleurs indiqué qu’il envisageait de taxer davantage les voitures électriques chinoises, mais sans évoquer le niveau d’un éventuel nouveau tarif.

Des tarifs de 100% aux États-Unis

La FCCQ estime que son approche permettrait d’assurer une saine concurrence au Canada, mais sans fermer complètement le marché canadien.

«Ces tarifs de 40 à 60% permettraient de rétablir une concurrence équitable. Nous ne souhaitons pas fermer le marché canadien avec des tarifs de 100%, comme aux États-Unis, par exemple», dit Hubert Rioux, conseiller économique à la FCCQ, qui représente plus de 45 000 entreprises au Québec.

Le 14 mai, la Maison-Blanche a annoncé une nouvelle salve de tarifs sur plusieurs produits jugés stratégiques, dont l’industrie des voitures électriques.

Dans le cas des voitures électriques chinoises, Washington a quadruplé les tarifs. Ils passent de 25% à 100%, soit les tarifs les plus élevés annoncés par l’administration Biden.

La FCCQ dit que son approche modulée s’inspire des pays européens, qui veulent eux aussi protéger leur industrie, mais sans fermer leur marché comme aux États-Unis.

«Dans les pays de l’Union européenne, les importations de voitures électriques chinoises sont déjà taxées à 10%. Or, ils proposent de rajouter un nouveau tarif qui pourrait aller jusqu’à 38%», dit Hubert Rioux, en soulignant que la fourchette supérieure pourrait donc avoisiner les 50%.

La FCCQ propose que les nouveaux tarifs — peu importe leur niveau — soient temporaires. Ils devraient donc être réévalués régulièrement pour vérifier s’ils sont efficaces.