Coaching professionnel dans les organisations : Réalités, défis et perspectives

Si la popularité du coaching ne se dément pas, il suscite encore parfois des questions sur son efficacité, sur la façon dont il peut s’intégrer dans les systèmes de l’organisation de façon durable et sur la manière dont il se distingue d’autres activités d’accompagnement en milieu professionnel.Cet article vise à examiner et clarifier plusieurs interrogations légitimes que peuvent se poser toute personne ou organisation intéressées par cette activité d’accompagnement.

Est-ce que le coaching, ça marche ?

Cette question peut être examinée sous deux angles.  D’une part, en considérant les chiffres estimés du marché mondial du coaching, y compris les tendances observées au Québec, on observe une croissance^[1] qui confère au coaching une certaine légitimité pragmatique. Bien que ces chiffres ne constituent pas une preuve directe de l’efficacité du coaching, ils suggèrent néanmoins que cette pratique répond à un besoin collectif.

Si, en revanche, on se réfère aux recherches qui se sont penchées sur l’efficacité du coaching, les conclusions consensuels et généralisables sont plus nuancées. Les recherches sur ce sujet sont complexes en raison de la nature du coaching, qui est un service personnalisé dont les effets ne se manifestent pas seulement à la fin du processus mais aussi durant l’interaction continue entre le coach et le client. Le caractère unique de chaque relation de coaching rend les généralisations difficiles et les résultats intangibles du coaching, qui se déploient souvent sur le long terme, ne correspondent pas toujours aux cycles opérationnels des entreprises.

Toutefois, l’impact et les résultats du coaching continuent de susciter l’intérêt des chercheurs. Un débat académique persiste notamment sur la pertinence de mesurer le retour sur investissement financier du coaching. Bien que cette idée puisse sembler attrayante du point de vue de l’entreprise, elle est compliquée à mettre en œuvre et risque de fausser la perception des objectifs du coaching, qui incluent des aspects plus subtils et immatériels que de simples retours financiers.

Malgré ces défis, il est possible de dégager certains consensus dans les recherches actuelles concernant l’efficacité du coaching pour le coaché. Il ressort notamment un impact positif sur l’attitude du coaché face aux changements organisationnels, une plus grande satisfaction au travail et dans la vie en général, un renforcement de la confiance et de l’estime de soi, ainsi qu’une augmentation de l’autonomie et de la prise d’initiatives.

Comment trouver un coach professionnel ?

Si le coaching ne répond pas aux critères qui font une profession au sens traditionnel du terme, cette activité d’accompagnement tend à se professionnaliser notamment sous l’impulsion de grandes associations professionnelles de coachs telle qu’International Coaching Federation. Depuis le début des années 2000, nous assistons au développement d’une littérature scientifique spécialisée sur le coaching permettant notamment d’explorer la façon dont le coaching fonctionne, son efficacité et ses limites. De plus, l’instauration de programmes universitaires de niveau maîtrise dans certains pays témoigne de la maturation de cette activité vers une véritable professionnalisation.

Les associations professionnelles jouent un rôle clé dans cette évolution en introduisant des outils, des règles et des normes, comme des modèles de compétences pour les coachs, des codes de déontologie et des processus de certification. À titre d’exemple, le processus de certification de l’International Coaching Federation (ICF) exige que les coachs suivent des programmes de formation accrédités et supervisés par ICF Global. Au Québec, des écoles telles que Convivium, Formation SYMA coaching, Coaching de Gestion, Diligence Coaching, École de coaching AFI par Edgenda et ACT in INTERNATIONAL forment et accompagnent les futurs coachs vers leur certification, chacune avec sa couleur, son approche. Cette formation rigoureuse garantit le professionnalisme des coachs ainsi certifiés.

En outre, le chapitre québécois de l’ICF met à disposition un outil gratuit permettant aux entreprises ou aux individus de chercher un coach certifié répondant à leurs besoins. Cet outil simplifie le processus de sélection en permettant aux clients de lancer un appel d’offres qui sera transmis aux coachs ICF répondant aux critères spécifiés. En complément du bouche-à-oreille, traditionnellement utilisé pour trouver un coach, ce système offre une méthode efficace pour connecter les coachs professionnels avec les clients potentiels.

Comment installer le coaching efficacement dans les organisations ?

Si aujourd’hui le coaching occupe une place centrale dans la pratique du développement des ressources humaines en entreprise, son utilisation reste sporadique et souvent limitée à certains membres de l’organisation, tels que les dirigeants ou les gestionnaires à haut potentiel. Cependant, un nombre croissant d’entreprises cherchent à intégrer le coaching de manière plus systématique et pérenne. Bien qu’il soit prématuré de conclure sur l’efficacité de ces diverses initiatives visant à ancrer le coaching dans les structures organisationnelles, il apparaît que l’adoption de certains principes clés est nécessaire pour la mise en place d’un programme de coaching efficace.  

1^er principe : Assurer un positionnement stratégique clair et s’assurer de sponsors clefs

2^ème principe : Assurer des standards de qualité élevés dans le recrutement des coachs notamment

3^ème principe : Limiter le programme à des objectifs précis et proposer un cadre d’exercice clair

4^ème principe : Développer des modalités de suivi appropriées à la philosophie du programme

5^ème principe : Assurer une promotion et une communication régulière du programme

Quel avenir pour le coaching ?

Finalement, le coaching est-il une mode ou est-il amené à s’installer durablement dans les systèmes des organisations ? Il paraît clair que le coaching, s’inscrivant dans une tendance plus large de succès du développement personnel et professionnel, répond aux défis contemporains auxquels nous sommes confrontés : rapidité d’accès à une information toujours plus importante, injonction à une activité incessante, propension à l’instantané et à l’éphémère.

Dans ce contexte, le coaching peut n’être qu’un énième outil au service d’un management impersonnel axé sur la rationalité, la performance à court terme et le respect de normes établies. Toutefois, il peut également servir de levier pour permettre aux leaders de se défaire des idées toutes faites et de redonner un sens collectif à leur action, aligné sur des valeurs d’inclusion, de justice et de respect.

Dans sa perspective la plus ambitieuse, le coaching a indéniablement un rôle à jouer pour aider les individus à embrasser pleinement leur humanité, dans toute sa complexité et sa vulnérabilité, au profit d’un monde meilleur !

Stéphane Coulier, PCC

Président ICF Québec

Stéphane Coulier, coach certifié PCC, met à profit plus de trente années d’expérience dans le monde de l’entreprise et du conseil. Il oriente actuellement ses activités autour de trois principaux axes liés au coaching professionnel. Tout d’abord, il exerce en tant que coach exécutif et de coaching d’équipe. Ensuite, il mène une recherche doctorale en Sciences de l’Administration à l’Université Laval, se concentrant sur les dilemmes rencontrés par les coachs et leurs méthodes d’arbitrage. Enfin, il contribue à la professionnalisation du coaching par son engagement communautaires dans diverses initiatives qui renforcent les liens entre la pratique du coaching et le domaine académique.

[1] Selon la dernière étude triennale de l’International Coaching Federation (ICF 2023), le nombre de coachs praticiens estimé dans le monde est de 109 200 en 2022 ce qui représente un doublement depuis 2016. En ce qui concerne le chiffre d’affaires généré mondialement par cette activité, il est estimé à 4,5 milliards de dollars américains en forte croissance également.