Depuis plusieurs années déjà, la communauté d’affaires et la population du District Central se mobilisent autour de la reconversion du terrain vacant situé au 50-150 Louvain Ouest. À travers ce parcours, beaucoup d’idées ont été émises pour soutenir la transformation de ces quelque 650 000 pieds carrés d’espace occupé de manière transitoire grâce aux initiatives du milieu.
À l’hiver 2024, les finissants en architecture de paysage de l’Université de Montréal ont pu ajouter leur voix au chapitre en soumettant leurs propres esquisses d’aménagement. Inspirées du territoire et des réflexions des dernières années, leurs propositions font de ce terrain un trait d’union entre les époques, les activités et les gens.
Tantôt défini autour du concept de vivarium, de connectivité verdoyante ou d’oasis, le terrain à réinvestir a aussi été abordé sous l’angle du palimpseste, de la mosaïque, du patchwork et de l’atelier à ciel ouvert. Chacune des déclinaisons proposées avance des solutions novatrices pour — comme le résument les équipes — ouvrir le dialogue avec l’espace environnant, désenclaver le site et répondre aux besoins du plus grand nombre d’utilisateurs possible.
Un ensemble cohérent et intégré
À titre d’exemple, afin d’atténuer le contraste avec la monumentalité du cadre bâti environnant, plusieurs équipes ont proposé une topographie schématisée, où des espaces plats et ouverts cohabitent avec des buttes d’inclinaison variées. En plus de permettre une découverte progressive de l’espace aménagé et son intégration harmonieuse au paysage actuel, les variations topographiques suggérées ouvrent la porte à plusieurs usages allant d’estrades naturelles à zones de glisse en période hivernale, en passant par des espaces de détente ou de pratique sportive.
Les interventions proposées accordent aussi un grand soin à la connectivité du terrain avec le reste du quartier. Chacune des équipes a notamment imaginé un chemin de traverse piétonnier favorisant les déplacements d’un secteur à l’autre du District. D’autres suggèrent le prolongement de la piste cyclable, notamment pour aller rejoindre le très populaire Parcours Gouin. Les différents seuils d’entrée ont aussi été exploités, à la fois pour faciliter le repérage et pour connecter visuellement l’espace avec le reste du quartier. D’obstacle à la mobilité, le site devient ainsi un facilitateur en matière de transport actif.
Le mariage avec l’environnement immédiat est en outre soutenu par différentes suggestions débordant le périmètre du terrain vacant. L’idée d’introduire des motifs colorés en façade des édifices ceinturant le site est un exemple de cela. Il en va de même du réaménagement de la rue Louvain et de l’avenue de l’Esplanade en voies de circulation partagées ou encore de l’aménagement de toits verts sur les édifices bordant actuellement le terrain.
D’îlot de chaleur à bassin de rétention
Les équipes ont aussi rivalisé d’imagination pour améliorer la performance du site sur le plan environnemental. Citons, notamment, l’aménagement d’un skatepark inondable et la présence de ruisseaux intermittents servant à la fois de zones d’exploration ludique pour les enfants et d’ouvrages de débordement en cas de fortes précipitations.
L’ajout d’un ou de plusieurs étangs de rétention figure aussi dans toutes les propositions, aux côtés des nombreux végétaux indigènes et de plantes reconnues pour leurs capacités régénératrices. Dans certains cas, ce sont de véritables zones de forêts urbaines qui ont été projetées. Sans oublier l’implantation de jardins communautaires au bénéfice des résidents du quartier.
La saisonnalité a également été prise en compte dans l’ensemble des plans proposés, tantôt en s’assurant de maintenir l’attrait visuel des végétaux choisis en toute saison, tantôt en misant sur du mobilier ou des aménagements permettant la pratique d’activité hivernale telle que le patin.
Une zone attractive et aux usages diversifiés
L’une des forces des projets présentés est d’ailleurs d’avoir misé sur des aménagements à fort potentiel attractif, et ce, pour différentes clientèles. Parmi ceux-ci, une zone d’exposition muséale à ciel ouvert, des murets dédiés aux graffitis, une serre et des espaces d’animation multifonctionnels propices à la tenue d’événements culturels ou d’autre nature.
La cohabitation avec certains usages institutionnels, comme la cour de voirie projetée par la Ville sur ce terrain, a également été prise en compte. L’usage est envisagé en mode souterrain, ce qui facilite l’intégration et sert aussi de base pour l’introduction d’autres fonctions, comme un espace de spectacle ou encore une zone d’agriculture urbaine en surface.
La modification du zonage et la désignation récente du terrain comme secteur d’activités diversifiées permettent en outre d’envisager l’implantation d’immeubles résidentiels. La compatibilité des usages projetés, les risques posés par la cohabitation et la nature du cadre bâti intégré au projet de reconversion devront toutefois être évalués en amont.
Du point de vue de la SDC District Central, la richesse des propositions soumises par les architectes de la relève illustre tout le potentiel créatif du site, toutes générations confondues. Les idées avancées s’inscrivent aussi en droite ligne avec les efforts déployés jusqu’à présent par la communauté pour faire de cet espace un lieu emblématique de Montréal et ont de quoi inspirer les futurs développeurs.