Le PDG d'Amazon, Jeff Bezos. (Photo: Getty)
BLOGUE INVITÉ. Lorsqu’on se remémore les personnes les plus riches des 19e et 20e siècle, nous pensons rapidement aux Rockefeller et aux Carnegie. Aujourd’hui, la liste des ultras riches comporte des noms comme Mark Zuckerberg et Jeff Bezos. Alors que les actifs tangibles tels que le pétrole et l’acier étaient partie intégrante de l’industrie d’autrefois, les grandes fortunes du 21e siècle se sont créées avec de plus en plus d’actifs intangibles.
Une entreprise comme AirBnB propose un service d’hébergement sans posséder la propriété sous-jacente. Uber nous déplace d’un endroit à l’autre sans détenir de véhicule. Il nous apparaît évident que certains changements radicaux sont en cours. En fait, ces entreprises ont été en mesure de tirer profit d’un nouveau système de communication: Internet. De plus, ces compagnies bénéficient généralement d’effets de réseau, un phénomène selon lequel un produit ou un service acquiert une valeur supplémentaire lorsque davantage de personnes l’utilisent.
Qu’est-ce que tout cela signifie pour les investisseurs? Un modèle utile pour comprendre ces entreprises est l’idée du coût marginal nul. C’est-à-dire qu’il n’y a aucun ou très peu de coûts supplémentaires pour desservir de nouveaux clients. Par exemple, lorsqu’une entreprise automobile construit une voiture supplémentaire, ceci comporte des coûts importants en matériel et en main-d’œuvre.
Une société technologique comme Google dépense quant à elle d’énormes sommes en recherche et développement pour nous fournir l’outil de recherche simple auquel nous sommes tous habitués. Google n’assume que très peu de frais supplémentaires si un utilisateur effectue 10 ou bien 100 recherches par jour. Cette structure de coûts permet à Alphabet, la société mère de Google, d’obtenir des économies d’échelle et d’être une entreprise très rentable.
En outre, les indicateurs classiques tels que la valeur comptable n’ont guère de sens dans ce nouveau monde d’actifs intangibles. L’effet de ces nouveaux modèles d’affaires sur l’état des résultats est moins évident mais peut-être encore plus important. Les cinq plus grandes entreprises de technologie aux États-Unis en termes de capitalisation boursière (Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet et Facebook) ont dépensé environ 94 milliards de dollars en recherche, développement, technologie et contenu dans leurs 4 derniers trimestres. Toutes ces dépenses créent certainement une valeur future, mais celle-ci ne sera pas reflétée dans les chiffres comptables.
Alors, la prochaine fois qu’on pose la question, souvenons-nous que les actifs ne sont allés nulle part. Ils sont toujours là, partout autour de nous. Les actifs sont simplement de nature intangible, soit l’intelligence et le capital humain qui se retrouvent à travers tous les codes et nombreux logiciels.
Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital