Avant même de découvrir l’anxiété, je consultais régulièrement une psychologue. Cela a changé ma vie, c’est le moins qu’on puisse dire. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Je n’ai jamais été quelqu’un de très anxieux de nature — du moins, je n’en ai jamais eu l’impression. Cependant, par suite d’un échec professionnel important il y a quelques années — dont je parlerais bientôt dans un prochain billet de blogue — j’ai doucement développé une anxiété qui a augmenté avec la pandémie de COVID-19. Le fait d’avoir presque tout perdu (matériellement) après une fraude et surtout d’avoir vécu les huissiers, les comptes spéciaux des banques, la pression du fisc du Québec et du Canada et autres m’a rendu beaucoup plus anxieux et m’a presque donné l’impression d’avoir un «choc post-traumatique» à la suite de cet événement marquant de ma vie d’entrepreneur.
C’est aussi lors de discussions avec ma psychologue ainsi qu’avec de nombreux amis entrepreneurs que j’ai réalisé que plusieurs font de l’anxiété, de légère à très sévère. Encore une fois, un trait qui entre en contradiction avec l’image populaire de l’entrepreneur invincible et toujours confiant. Encore une fois, le vedettariat entrepreneurial lance un message qui ne semble pas être la réalité.
Honnêtement, il n’est pas surprenant que nous, les entrepreneurs, soyons anxieux lorsque nous sommes tellement investis, financièrement et émotionnellement dans nos entreprises.
Et si l’anxiété pouvait être un autre super pouvoir?
Je sais que je ne suis pas le seul entrepreneur anxieux. Certains luttent ouvertement, mais la plupart souffrent en silence. Je suis d’accord que c’est un sujet sensible. La plupart des entrepreneurs ne veulent pas en parler parce qu’ils craignent que cela ruine leur personnalité publique confiante ou s’inquiètent du jugement des autres.
Si vous êtes dans le deuxième groupe, je veux vous donner de l’espoir. L’anxiété n’a pas à saboter vos rêves. Au contraire, cela peut être votre plus grand super pouvoir.
L’arrivée de l’anxiété de ma vie fut au départ quelque chose que j’ai rebuté. Je ne considérais pas cela comme de l’anxiété, même lorsque pour la première fois durant la COVID, j’ai senti ma poitrine devenir très serrée et j’ai commencé à transpirer. L’idée de perdre l’entreprise que j’avais bâtie m’avait soudainement entraîné, tel un kidnapping, dans une crise d’anxiété. À ce moment, j’appelais ça du stress! C’était un peu plus. Mais pour moi, être anxieux, c’était ne pas être confiant en soi. Pourtant, ce n’est pas du tout le cas.
Devenir un meilleur entrepreneur et humain
L’anxiété m’a mis encore plus à l’aise de montrer mon «vrai moi». Avant même de découvrir l’anxiété, je consultais régulièrement une psychologue. Cela a changé ma vie, c’est le moins qu’on puisse dire. Une chose que la psychologue m’a apprise, c’est comment partager mes défis de manière ouverte, honnête et saine. Lorsque je lui ai dit que ça m’angoissait de m’avouer anxieux, car cela pourrait peut-être inquiéter mes investisseurs ou même mes partenaires, elle m’a rappelé qu’au contraire, j’étais simplement comme une majorité de gens, surtout après cette pandémie et que cela n’avait en aucun cas un impact sur mes qualités d’entrepreneurs.
L’ancien Dominic aurait probablement caché ses difficultés en essayant de donner l’impression qu’il maîtrisait tout. C’était rassurant! Pour dire vrai, la fausse perfection est épuisante, voire isolante.
L’entrepreneuriat, c’est aussi ça. En affaires, les relations vous ouvrent des portes. Et lorsque votre objectif est d’établir des relations, vous devez montrer aux autres que vous comprenez d’où ils viennent.
L’importance de prendre soin de moi
L’anxiété m’a aussi fait encore plus comprendre l’importance de prendre soin de soi. Autrefois, je me valorisais énormément par les longues heures de travail que je pouvais aligner l’une à la suite de l’autre. Lorsque j’étais au plus bas de mon moral durant la pandémie et que l’anxiété était de plus en plus présente: ma psychologue ne m’a pas recommandé des médicaments pour dormir ou me calmer, mais surtout de l’exercice régulier. Effectivement, celui-ci encourage votre cerveau à libérer de la sérotonine, qui est un stimulant naturel de l’humeur et un relaxant. De nombreux entrepreneurs renoncent à l’exercice pour travailler de plus longues heures, mais cela peut avoir un impact extrêmement néfaste sur la santé physique et mentale.
Ainsi, les parties de squash font maintenant partie intégrale de mon agenda tout comme le «spinning» à la maison sur mon vélo stationnaire! Le tout s’est ajouté avec la pratique presque quotidienne de la méditation.
Parce que je prends soin de moi, je ne m’épuise plus comme avant. Quand je me repose, je suis zen, et quand je travaille, je suis une machine de guerre!
Se réserver du temps pour le travail et les loisirs élimine la «culpabilité» entrepreneuriale de ne jamais avoir l’impression d’avoir mérité son repos.
C’est un voyage
Peut-être que mon anxiété disparaîtra un jour, peut-être pas. Mais tu sais quoi? S’il décidait de rester, ce ne serait pas la fin du monde.
L’anxiété est un voyage continu. Vous ne pouvez pas l’éteindre ou décider d’y revenir lorsque vous serez prêt. La seule façon de la battre est de vous armer d’outils pour la surmonter.
L’entrepreneuriat est exactement pareil. Certains jours, c’est vraiment très difficile, l’on ne se sent pas du tout à la hauteur et on se demande pourquoi on décide de faire ça. Combien d’entrepreneurs lancent à la blague: «il me semble que j’irais bien flipper des boulettes chez McDo»? Mais d’autres jours, on se sent comme une vraie rockstar et presque invincible.
Les hauts et les bas font partie du jeu, et peu importe à quel point vous travaillez dur ou combien vous apprenez, rien ne sera jamais parfait. Il y a toujours quelque chose à apprendre et des risques à prendre.
Ma tribu est tout
Ce qui me permet aujourd’hui d’être en paix que ce soit avec l’anxiété, le TDAH, la douance et j’en passe est l’aspect d’avoir aujourd’hui une foule de connaissances ainsi que des amis qui sont dans des situations similaires et avec qui je peux échanger.
Dans mon cas, l’anxiété s’est principalement montré le bout du nez durant la pandémie. J’ai alors réalisé à quel point il était important d’avoir une bonne équipe autour de soi.
L’entrepreneur en vous a aussi besoin d’être entouré. Bien que se lancer seul fasse partie intégrante de l’entrepreneuriat, vous ne pouvez pas réussir sans une communauté solide. Personne ne sait tout et vous pouvez éviter des erreurs désastreuses en recherchant la sagesse des autres.
Les enseignants, les mentors et les pairs jouent tous un rôle précieux dans votre formation et celle de votre marque, alors ne manquez pas la richesse qu’ils apportent. Construisez une communauté de soutien autour de vous. Puisez-y, plongez profondément et à mesure que vous vous élevez, amenez les autres avec vous. Nous sommes tous plus forts ensemble.
L’anxiété m’a rendu plus fort, plus courageux, plus vrai et ne m’a aucunement enlevé mon désir de conquérir le monde et d’aller au bout de mes ambitions. L’anxiété me brasse parfois, me fait passer trop de nuits blanches, mais elle ne me ralentit pas: elle s’est même ajoutée à mon arsenal pour réussir.
Et devinez quoi?
La vôtre peut aussi.