Bombardier a choisi d’annuler un nombre non précisé de commandes obtenues de clients russes en raison des sanctions liées au conflit en Ukraine, dit le PDG de l'entreprise, Éric Martel. (Photo: CORIM)
Les sanctions économiques qui touchent la Russie n’auront pas d’impact négatif sur les revenus de l’entreprise d’ici la fin de l’année, selon président et chef de la direction de l’entreprise, Éric Martel.
«Ça touche tous nos services et nous avons dit que nous allions suivre toutes les règles. Nous avons une douzaine d’avocats qui travaillent sur le dossier en ce moment, juste pour être certain que nous posons tous les bons gestes et que nous respectons les sanctions contre la Russie», a affirmé le PDG de Bombardier, en marge d’une allocution devant les membres du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
De son propre aveu, le plus difficile est de gérer la distribution des pièces de rechange, car la société doit s’assurer à travers tous ses canaux de distribution que les utilisateurs finaux ne sont pas d’origine russe. «Nous avons des entrepôts à Chicago, Singapour et en Allemagne, alors nous nous assurons que tous les client qui pourraient être problématiques soient identifiés. Si nous avons un doute, nous ne livrons pas les pièces», explique-t-il.
Bombardier a aussi choisi d’annuler un nombre non précisé de commandes obtenues de clients russes en raison des sanctions liées au conflit en Ukraine. «Pour les commandes qui venaient de la Russie, notre priorité est de terminer les contrats en bonne et due forme. Après, ça nous permet de revendre les appareils. On est dans une période de forte demande alors nous avons été capables de redéployer les appareils dans d’autres pays auprès d’autres clients. Pour nous, la situation est gérable», dit-il.
Éric Martel ajoute que les règles d’embargos sont assez vastes et touchent à peu près tout. Il voit mal comment Bombardier pourrait en faire plus en ce moment, précisant que les sanctions sur les pièces de rechange touchent 250 appareils, alors que l’entreprise compte 5000 avions actuellement en service.
Bombardier a annoncé qu’elle se retirait de Russie pour une période indéterminée le 4 mars dernier.
Chose certaine, le nombre d’heures de vols effectués par des appareils Bombardier est actuellement en croissance par rapport aux niveaux d’avant le début de la pandémie de COVID-19.
Depuis le début du conflit, la direction de Bombardier dit avoir constaté une petite décroissance des heures de vols en Europe, mais que les chiffres sont encore supérieurs à ceux de 2019. «On compare toujours nos heures de vols pré-COVID et nos heures actuelles. Dans les derniers mois, l’Europe était à +30% d’heures de vols. L’Amérique était à +20%, alors que l’Asie était toujours un peu à la traîne. Au total, on était en hausse par rapport à avant la COVID. Ce qu’on a vu dans les deux dernières semaines, c’est une légère baisse en Europe, mais les chiffres restent supérieurs à ceux de 2019», soutient le PDG.
Un conflit qui perturbe la chaîne d’approvisionnement?
Éric Martel soutient que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a généré des tensions sur sa chaîne d’approvisionnement, surtout en Europe où les conteneurs s’accumulent dans certains ports. Parfois, les conteneurs en provenance d’Asie restent coincés sur la côte ouest.
Commentant le lock-out au Canadien Pacifique, Éric Martel a confié que Bombardier retenait surtout les services du Canadien National pour ses livraisons, ce qui signifie que le conflit de travail n’aura pas d’impact à court terme sur la chaîne d’approvisionnement canadienne de la société. À plus long terme, il reconnaît toutefois que l’industrie ferroviaire du pays sera probablement sous tension un peu. «Ce n’est rien pour aider, la situation était déjà complexe, mais ça vient la complexifier davantage», dit-il.
Recrutement de 1000 postes
Bombardier a profité de l’allocution d’Éric Martel pour publier une étude dans laquelle l’entreprise dit être à la recherche de 1000 travailleurs, dont 400 au Canada.
Le dirigeant explique que la société est surtout en croissance du côté de ses centres de service, alors que 40% de se clients utilisent ses services d’entretien, elle qui ambitionne de faire grimper ce chiffre à 50%. «On réussit à embaucher en ce moment. Bombardier attire beaucoup. Les gens se rendent compte que c’est une entreprise avec un haut contenu technologique où il y a moyen d’avoir une carrière, comme l’entreprise va bien. On est capables avec ce qui est disponible de subvenir à nos besoins d’embauches», dit le dirigeant.
Commentant un article de La Presse qui soutient, de source syndicale, que les négociations pour le renouvellement d’une convention collective touchant 1800 employés dans l’usine d’assemblage du Challenger à Dorval sont «ardues», le PDG a jugé la situation de «prématurée».
«Nous n’avons pas encore déposé nos offres, ce qui devrait être fait dans les prochains jours», a-t-il déclaré, qualifiant de «rumeurs» les déclarations à l’effet que l’entreprise souhaiterait réduire de plusieurs millions de dollars les conditions de travail actuelles des syndiqués.
«Je parle aux employés dans nos usines à chaque semaine et je ne sens pas d’inquiétude en ce moment», a-t-il ajouté.