Par Cyril Vulgarides, PDG de Technologia
Les conditions de travail tendent à s’améliorer à l’échelle canadienne et c’est tant mieux. Néanmoins, à bien des égards, le portrait n’est pas très encourageant. D’une part, on constate encore le retard de productivité des entreprises du Québec par rapport aux autres membres de l’OCDE. D’autre part, selon une étude de l’Université Laval (2022), 55 % des travailleurs vivraient avec au moins une problématique de santé mentale. Ouf, ce n’est pas le meilleur scénario pour lequel se réjouir et parler d’avenir, j’en conviens.
On est dans le règne du “oui, mais”: oui à la semaine de quatre jours, mais les entreprises canadiennes souffrent d’un enjeu de productivité. Oui au travail hybride et à la pleine autonomie de l’employé, mais on observe une hausse du désengagement. Oui à la bienveillance et à la gratitude, mais les statistiques sur la santé mentale des employés sont catastrophiques… Autrement dit, on a augmenté l’intensité, les problèmes sont toujours là et il me semble que les difficultés vécues par les employés pour « garder le rythme » ne disparaîtront pas. Ça fait des années qu’on parle de ces problèmes et qu’on essaie de trouver des solutions.
Vous ne trouvez pas cela paradoxal, vous, que la situation empire au lieu de s’améliorer?
L’employeur se demande comment il va mener à bien son projet d’entreprise et l’employé s’inquiète quant au maintien de son poste ou s’il y trouvera son bonheur. Réconcilier ces deux visions reste un défi, définitivement plus facile à souligner qu’à surmonter. Comment éviter un retour en arrière à base de microgestion et d’individualisme, de demandes infondées et d’attentes irréalistes?
Je crois que les organisations et les employés doivent travailler main dans la main pour atteindre leurs objectifs respectifs. Reste à savoir comment.
Je vais vous décevoir tout de suite : je n’ai pas de réponse toute faite à vous fournir. Je peux juste constater que les remèdes mis en place ne semblent pas régler la situation ou que notre diagnostic de cette dernière est tout simplement erroné. Ce que l’expérience m’a appris, c’est qu’il n’y a pas de solution “clé en main”. Les moments de tension en entreprise peuvent conduire à perdre de vue le bien commun au profit du “chacun pour soi”.
Malgré toute notre bonne volonté, nous sommes trop souvent dans une relation employeur – employé. Cette relation est-elle devenue à ce point déconnectée de l’essentiel? Après tout ce qu’on entend à ce sujet, où est passé le lien de confiance, alors que nous sommes dans le même bateau et interdépendants! Malgré tous ces principes innovants visant l’épanouissement des employés, pourquoi en sommes-nous encore là?
N’existe-t-il pas une troisième voie, concertée et nuancée, où ces deux visions cesseraient de s’opposer au bénéfice de tous?
Une voie qui combine les aspirations administratives ou financières de l’un et les visées de développement personnel ou professionnel de l’autre? Selon moi, c’est ce qui donnera du sens au travail. Pour l’organisation le sens passe par une vision claire, forte et partagée. Pour l’employé c’est de savoir pourquoi il fait ce qu’il a à faire, quelle est sa contribution, bien au-delà de sa fiche de poste. Pour y arriver, on aura besoin d’un élan de collaboration, de bases fortes en termes de transparence et de confiance mutuelle. Ce n’est pas de la magie, ni une approche qui peut s’appliquer à toutes les entreprises, j’en conviens. C’est une fois que l’on donne du sens et que l’on crée un climat de travail qui favorise les échanges et une recherche commune de solutions, que l’on peut développer une forme de résilience face aux inévitables périodes de tensions à venir. Notre réalité restera toujours la même: trouver les meilleures solutions aux problèmes qui se présentent à nous, même si c’est plus facile à dire qu’à faire.
Pour moi, le succès de l’entreprise de demain dépend de ce “tango” entre l’organisation et l’employé. Et un tango, ça se danse à deux!
Je vous souhaite, d’abord et avant tout, de rebâtir cette relation humaine et ce lien de confiance qui doit exister entre un employeur et un employé. À mon avis, c’est la base de tout et c’est dans le dialogue que peut s’installer le changement, qu’il soit souhaité ou pas. J’espère que l’avenir du travail se construira sur l’écoute, la compréhension et la confiance. Par la suite, j’ai l’impression que nous trouverons plus facilement les outils pour améliorer les statistiques présentées en introduction.
Alors, envie d’apprendre quelques pas de tango?
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