650 000 pieds carrés entièrement vacants et qui ne demandent qu’à être développés. Rares sont les occasions offertes à un quartier ou une ville de repenser un espace aussi vaste. Pour cette raison, et depuis quelques années déjà, la SDC District Central a fait de l’aménagement du terrain vacant situé au 50-150 Louvain Ouest une priorité. Avec un appel de projet urbain innovant (APUI) annoncé pour 2022, les mois à venir seront déterminants. Forte de nombreuses consultations effectuées jusqu’à présent, la SDC, appuyée par une communauté d’experts, a dessiné les contours d’un projet qu’elle qualifie de pierre angulaire pour le développement de son territoire et entend bien le promouvoir.
Heureux mélange entre espaces résidentiels, commerciaux ou institutionnels, manufactures urbaines, verdure et place publique, c’est un environnement mixte que la communauté souhaite voir émerger entre les rues Louvain et Chabanel, le boulevard Saint-Laurent et l’avenue de l’Esplanade. Le tout, sans exclure la volonté première de la Ville de faire du site une cour de voirie.
Culture urbaine : l’un des résultats exprimés lors de la charrette d’idéation sur le terrain vacant réalisée par la SDC District Central à l’été 2021. L’art et les espaces verts à l’honneur.
Pour Martine Peyton, présidente d’ÉLÉMENTS Planification urbaine qui accompagne la SDC depuis le début dans ce dossier, « s’il est vrai que la cohabitation constitue un enjeu, entre le résidentiel et la fonction voirie notamment, il existe des façons d’intégrer le tout de façon harmonieuse. Des villes comme San Francisco y sont déjà parvenues ». De son point de vue, « il n’y a donc pas de raison qu’en se donnant un peu de temps de réflexion, entre autres en ce qui concerne les axes de circulation, on ne réussisse pas à le faire. Le terrain à développer est tellement vaste que les possibilités sont nombreuses ».
L’idée d’exploiter l’arrière des bâtiments longeant la rue Chabanel figure au nombre des possibilités envisagées pour faciliter la cohabitation. Architecte, président de LAAB collective et l’un des experts bénévoles dans ce dossier, Michel Lauzon y voit aussi l’occasion de donner une signature particulière au projet. « Comme son nom l’indique, le Passage Off Chabanel, s’il devait être réalisé, permettrait de donner vie à une zone jusqu’à présent peu exploitée, en marge des voies principales de circulation. »
Plus important encore, selon lui, la ruelle ainsi convertie « pourrait devenir la colonne vertébrale du secteur en incarnant notamment la culture artistique underground qui émerge dans le quartier ». Piéton et intégrant des éléments naturels (végétaux et eau), le passage ferait aussi en sorte de percer le territoire et de faciliter les déplacements vers les infrastructures de transport en commun situées à proximité, dont le métro Sauvé.
L’idée n’est pas nouvelle. D’autres villes ont redynamisé d’anciens secteurs à vocation industrielle en exploitant l’arrière des bâtiments existants et en transformant l’usage fait de l’espace autrefois réservé aux quais de chargement. C’est le cas notamment à Miami et son désormais célèbre Design District ou, plus près de nous, à Toronto avec le Distillery District.
Pour Hélène Veilleux, directrice générale de la SDC District Central, ces projets devenus aujourd’hui des références en matière d’aménagement ont en commun d’être nés du choc des idées. « L’innovation, la vraie, vient du dialogue. Tout ce qui a été pensé pour le terrain vacant a émergé, parce que pendant 5 ans nous avons fait se rencontrer des gens aux profils et aux intérêts différents. Des entrepreneurs, des experts et des résidents ont échangé et imaginé ensemble un environnement susceptible de répondre à la fois aux enjeux sociaux, culturels et économiques du territoire. Ces convergences de vue, porteuses d’une grande acceptabilité sociale, doivent être intégrées dans l’appel de projets pour permettre l’innovation. »
Plus clairement, de l’avis de la directrice générale, l’idée d’envisager le futur développement sous un angle strictement économique ou commercial par crainte d’éventuels problèmes de cohabitation serait une erreur. « Ce que proposent les gens qui se sont exprimés dans le cadre nos consultations, c’est la création d’un véritable milieu de vie, où tout le monde peut trouver son compte et où les nouveaux espaces sont complémentaires aux 25 millions de pieds carré de cadre bâti existants, dont 5 millions sont vacants. Quels que soient les scénarios envisagés, la mixité des usages est la clé et nous entendons le dire et le redire aussi souvent que cela sera nécessaire. Les enjeux sont trop importants pour la requalification du District Central. Nous devons porter le message, ne serait-ce que par respect pour les gens de divers horizons qui ont fait consensus autour de la question. Je suis persuadée », affirme Hélène Veilleux en guise de conclusion, « qu’ensemble nous pouvons convenir d’un scénario innovant, à l’image du secteur. C’est d’avenir dont il est question ici et nous voulons être de ceux qui contribuent à le rendre possible. »
Vue aérienne du terrain vacant Louvain Ouest, en plein coeur du District Central
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