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Comment aborder la publication des résultats d’une de vos sociétés

Philippe Leblanc|Publié le 26 avril 2023

Comment aborder la publication des résultats d’une de vos sociétés

Netflix a dévoilé ses résultats financiers trimestriels le 18 avril. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Nous amorçons la saison fort occupée de la publication des résultats trimestriels des sociétés nord-américaines. Au cours des trois prochaines semaines, nous assisterons à un déluge de résultats financiers de sociétés qui, pour la plupart, publieront ceux de leur premier trimestre 2023 terminé en mars dernier.

Une des sociétés de notre portefeuille à ouvrir le bal a été Netflix (NFLX, 327,98$ US), dont les résultats financiers ont été dévoilés mardi, le 18 avril, à 16 h précises (peu de sociétés sont aussi ponctuelles que Netflix).

Je profite donc de l’occasion pour expliquer comment nous abordons la publication des résultats financiers de nos sociétés et le travail que nous effectuons pour chacune d’entre elles.

D’emblée, je dois souligner que nous prendrons rarement (sinon jamais) de décisions précipitées concernant un de nos titres au moment de la publication de ses résultats. De fait, l’exemple de Netflix est assez percutant en ce qui concerne la volatilité et le bruit ambiant entourant la publication des résultats.

Comme je l’ai mentionné, Netflix a publié ses résultats le 18 avril à 16 h. Or, dans la seconde qui a suivi, les volumes de transactions sur le titre en séance prolongée (after-hours) ont littéralement explosé: le titre a plongé de près de 10% en l’espace de quelques secondes, d’environ 330$ US à un peu moins de 300$. Quelques minutes plus tard, il était revenu à 330$.

(Image: Bloomberg)

Comment expliquer une telle fluctuation? Je soupçonne que ces transactions ont été effectuées par des ordinateurs à haute vitesse qui ont analysé les faits saillants du communiqué de presse de la société pour déterminer comment les résultats se comparaient aux prévisions des analystes (entre autres, le nombre d’abonnés au service, les revenus et les bénéfices par action). Comme ces statistiques étaient probablement inférieures aux attentes, les ordinateurs ont pris la décision quasi instantanée de vendre le titre.

Notre processus d’analyse comporte donc plusieurs éléments:

  1. La lecture attentive du communiqué de presse annonçant les résultats d’une société.
  2. La mise à jour de notre «fiche financière» sur la société. Cette fiche renferme les principales données financières de la société et leur évolution depuis plusieurs trimestres, dont les revenus, les bénéfices d’exploitation, les bénéfices, les flux de trésorerie (dont les flux libres) et le plus récent bilan.
  3. L’écoute ou la lecture de la conférence téléphonique de la direction avec les analystes et les investisseurs. Souvent, ces conférences procurent davantage de «couleur» quant aux activités de la société et les perspectives des trimestres à venir.
  4. La lecture des rapports de recherche des analystes qui suivent le titre. La plupart du temps, ces rapports seront publiés le lendemain du dévoilement des résultats financiers d’une société. Nous aimons lire ces rapports surtout pour nous assurer de n’avoir rien oublié.

Une fois tous ces éléments pris en compte, nous ajustons nos prévisions pour l’exercice en cours et apportons (s’il y a lieu) des ajustements à notre évaluation du titre. Une décision suivra alors. La plupart du temps, ce sera de conserver nos actions et de ne rien faire ; dans certains cas, ce sera soit de vendre, soit d’acheter davantage d’actions.

Je ne crois pas qu’un investisseur individuel puisse concurrencer les algorithmes informatiques qui négocient instantanément les actions d’une société dès la publication des résultats financiers. C’est une compétition perdue d’avance.

Il vaut mieux, selon moi, prendre son temps et laisser retomber la poussière, et surtout bien analyser avant de prendre une décision concernant un titre. Je crois d’ailleurs que la discipline qui consiste à prendre son temps et à toujours privilégier un horizon à long terme est un avantage pour l’investisseur individuel dans un monde qui devient de plus en plus «instantané».

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse