Une campagne de bombardements aériens massifs contre le Hezbollah a fait des centaines de morts à travers le Liban. (Photo: Houssam Shbaro Getty Images)
Beyrouth, Liban — Israël a dit jeudi avoir bombardé le quartier général du renseignement du Hezbollah près de Beyrouth, pendant que les combats au sol accompagnés de frappes aériennes se poursuivent contre le mouvement armé dans le sud du Liban.
Après une campagne de bombardements aériens massifs contre le Hezbollah, qui a fait des centaines de morts à travers le Liban, l’armée israélienne mène depuis lundi des opérations au sol en plusieurs endroits dans le sud du pays, un des bastions du puissant mouvement libanais soutenu par l’Iran.
L’aviation israélienne poursuit pendant ce temps ses frappes aériennes, notamment sur Beyrouth et sa banlieue, dont l’une a touché jeudi «le quartier général du renseignement» du Hezbollah près de la capitale libanaise, a annoncé l’armée.
L’armée a publié une vidéo de mauvaise qualité montrant une frappe détruisant ce qui semble être un bâtiment isolé sur une colline.
Près d’un an après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas palestinien sur le sol israélien, Israël a annoncé à la mi-septembre déplacer l’essentiel de ses opérations vers le front nord, à la frontière libanaise.
Israël affirme vouloir affaiblir le Hezbollah, un allié du Hamas, et permettre le retour d’environ 60 000 habitants des régions frontalières déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement vers le nord de son territoire.
Jeudi, l’armée libanaise a affirmé avoir, pour la première fois depuis un an, riposté à des tirs israéliens dans le sud du Liban après la mort de deux de ses soldats.
En vertu de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a acté en 2006 la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, l’armée libanaise s’est déployée dans le sud du Liban aux côtés des Casques bleus de l’ONU.
Mais le Hezbollah a maintenu sa présence discrète dans la région, où il a, selon des experts, creusé un important réseau de tunnels.
La guerre désormais ouverte entre Israël et le Hezbollah s’accompagne d’une escalade entre Israël et l’Iran, qui a tiré mardi 200 missiles sur le territoire israélien, entraînant des menaces croisées de représailles entre les deux pays et de nouvelles craintes sur un embrasement du Moyen-Orient.
L’Iran a affirmé riposter à l’assassinat d’Hassan Nasrallah, le chef du mouvement islamiste chiite mort le 27 septembre dans une frappe israélienne près de Beyrouth, et à celui d’Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas tué le 31 juillet dans une attaque à Téhéran imputée à Israël.
Le président américain Joe Biden a dit jeudi être « en discussion » avec Israël sur d’éventuelles frappes contre les installations pétrolières iraniennes.
« Au-dessus de nos têtes »
Au quatrième jour des opérations terrestres dans le sud du Liban, l’armée israélienne a indiqué jeudi que 15 combattants du Hezbollah avaient été tués dans un raid aérien sur « le bâtiment de la municipalité de Bint Jbeil », près de la frontière, où des « quantités d’armes étaient stockées », selon elle.
L’armée a aussi appelé des habitants de 25 villages du sud du Liban à évacuer.
De son côté, le Hezbollah a affirmé avoir repoussé deux incursions israéliennes près de la frontière, en déclenchant des engins explosifs pour l’une d’elles.
Il a aussi dit avoir tiré des roquettes jeudi sur Tibériade, une ville du nord d’Israël à une trentaine de kilomètres de la frontière.
Jeudi est un jour férié en Israël pour Roch Hachana, la fête du Nouvel An juif.
L’armée israélienne, qui a annoncé la mort de huit soldats depuis lundi dans le sud du Liban, a annoncé avoir déployé une deuxième division en renfort.
Une frappe israélienne a touché le cœur de Beyrouth avant l’aube, atteignant le « centre de protection civile » du Hezbollah à Bachoura, un quartier densément peuplé, selon le mouvement. Sept personnes ont été tuées, selon les services de secours du Hezbollah.
L’agence de presse libanaise ANI a signalé des frappes sur le sud et l’est du Liban, mais aussi sur des localités situées hors de ces fiefs traditionnels du Hezbollah.
« Nous sommes des civils. Vous voyez des combattants dans les environs? Pourquoi veulent-ils détruire le toit au-dessus de nos têtes? », s’est exclamé Hassan Ammar, 82 ans, qui habitait dans l’immeuble touché après avoir fui le sud du Liban.
Les raids nocturnes ont fait trembler les murs des immeubles, selon des habitants.
De nouvelles frappes ont aussi touché la banlieue sud de Beyrouth, désertée par ses habitants, d’où s’élevaient des colonnes de fumée.
Frappes sur Gaza
Malgré la campagne de frappes dans laquelle Israël a affirmé avoir tué « la plupart » des chefs du Hezbollah, le mouvement a affirmé vouloir continuer à se battre contre « l’ennemi ».
Selon des chiffres officiels, plus de 1.928 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, dont plus de 1.000 depuis les explosions des appareils de transmission du Hezbollah les 17 et 18 septembre, attribuées à Israël, et le début des bombardements aériens massifs le 23 septembre contre le sud et l’est du pays ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.
Plus de 40 secouristes et pompiers ont été tués en trois jours par les frappes israéliennes, selon les autorités.
Le gouvernement estime à environ 1,2 million le nombre de déplacés.
« Nous voulons émigrer. N’importe où. On a peur pour nos enfants, et la guerre va être longue », a témoigné Fatima Salah, une mère de famille qui a fui la banlieue sud de Beyrouth avec ses quatre enfants.
Pendant ce temps, l’offensive israélienne se poursuit sur la bande de Gaza, dévastée et assiégée depuis un an, même si les bombardements ont baissé en intensité.
Jeudi, sept personnes ont été tuées par des frappes israéliennes dans différents secteurs du territoire palestinien, selon la Défense civile.