Washington accuse le gouvernement chinois de maintenir son taux de change à un niveau artificiellement bas grâce à ses immenses réserves en dollars américains. (Photo: 123RF)
Washington — Le Trésor américain a annoncé vendredi qu’il continuerait d’observer avec attention les politiques économiques de la Chine et les mesures de Pékin pour influencer le cours de sa devise, ainsi que les politiques de change du Vietnam, de Taïwan et de la Suisse.
Washington n’a accusé aucun pays de manipuler sa devise afin d’obtenir un avantage concurrentiel, mais a placé douze d’entre eux sur une liste de surveillance.
Le rapport semestriel présenté au Congrès s’intéresse aux pays dont la balance commerciale est largement excédentaire et qui interviennent sur le marché des changes pour empêcher leurs monnaies de s’apprécier, ce qui rend leurs exportations moins compétitives.
Un responsable du Trésor a indiqué à des journalistes que l’administration américaine ne craignait pas que des mesures de politique de change soient prises pour régler des chocs de court terme.
Les conclusions du rapport sont essentiellement symboliques et ne prévoient pas de sanctions.
Pékin fait depuis longtemps l’objet d’une attention particulière, Washington accusant le gouvernement chinois de maintenir son taux de change à un niveau artificiellement bas grâce à ses immenses réserves en dollars américains, ce qui lèse les industriels et les salariés américains.
«Le Trésor travaille sans relâche pour promouvoir une reprise mondiale plus solide et équilibrée qui bénéficie aux travailleurs américains, notamment en engageant un dialogue rapproché avec de grandes économies sur des sujets liés aux devises», a affirmé la secrétaire au Trésor Janet Yellen dans un communiqué.
Le rapport critique Pékin pour son manque de transparence concernant ses interventions sur le taux de change, soulignant que «les activités de banques d’État en particulier justifient la surveillance rapprochée du Trésor».
Le ministère s’inquiète de la sous-évaluation de la monnaie chinoise «grâce à une intervention de longue durée et à large échelle sur le marché des changes et à la taille considérable des réserves de la Chine».
Comme de nombreux autres gouvernements, la Chine a mis en place un plan de relance massif pendant la pandémie de COVID-19 pour soutenir son économie, mais les dépenses «ont ciblé la reprise rapide de l’industrie plutôt que le soutien à la consommation des ménages».
Le Trésor appelle à davantage de mesures pour soutenir la demande, estimant que «la Chine devrait chercher à inverser la dynamique de rééquilibrage de son économie et renforcer ses perspectives de croissance de long terme».
La Suisse, elle, a manqué de peu de réunir les trois critères définis dans la législation américaine, mais «le Trésor continuera à mener une analyse approfondie » des politiques de change du pays et compte poursuivre son dialogue avec le gouvernement helvétique sur « ses options pour régler les causes sous-jacentes de son excédent extérieur».
En juillet, Washington a trouvé un accord avec le Vietnam au sujet des inquiétudes liées à sa politique de change, mais le pays continue de réunir les trois critères justifiant une surveillance accrue.
Le Trésor a indiqué dans le rapport avoir engagé des discussions avec Taipei afin de «développer un plan comportant des actions spécifiques pour déterminer les causes sous-jacentes de la sous-évaluation de la devise de Taïwan».
La Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, l’Inde, la Malaisie, la Thaïlande, le Mexique et la Suisse font partie des pays qui remplissent deux des trois critères établis par l’administration américaine.