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Bourse: 2018, année du retour sur terre à Wall Street

AFP|Publié le 02 janvier 2019

Le Dow Jones, le Nasdaq et le S&P 500 ont respectivement lâché 5,6%, 3,9%, et 6,2% en 2018.

Après avoir tutoyé les étoiles l’an dernier, Wall Street a subi un atterrissage brutal en 2018, se heurtant aux hausses des taux d’intérêt, à la crainte d’un ralentissement économique mondial, et au flou quasi-permanent des décisions du président américain Donald Trump, à l’origine du grand retour de la volatilité. 

«A la même époque l’an dernier nous parlions d’une année 2017 ‘endiablée’», se remémore Scott Wren, analyste pour la banque Wells Fargo. «Le contraste est saisissant cette année.» 

Les trois principaux indices, Dow Jones Industrial Average, Nasdaq et S&P 500, ont respectivement lâché 5,6%, 3,9%, et 6,2% sur l’année, leur plus mauvaise depuis 2008.

Ils s’étaient envolés l’an dernier de respectivement 25,1%, 28,2% et 19,4%.

Les dégâts ont tout de même été limités par des résultats d’entreprises mirobolants, leurs bénéfices étant attendus en hausse de 20,3% pour 2018 selon la société Factset, du jamais-vu depuis 2010.

Mais la perspective d’un ralentissement de ces bénéfices, couplée à des signaux de calage de la croissance mondiale en pleine période de hausse des taux américains, a été à l’origine d’un brusque coup de frein.

Cette situation a également participé à la chute des indices mondiaux, le CAC 40 parisien ayant perdu 11%, le FTSE-100 londonien 12,5%, et le Dax francfortois 18,3%. En Asie, Hong Kong a dégringolé de 13,6%, Shanghai de 24,6% et Shenzhen de 33,2%.

Les premières sueurs froides ont saisi Wall Street dès février. Elles portaient sur le niveau des salaires américains, susceptible d’entraîner une hausse de l’inflation et donc un rythme de hausses des taux d’intérêt de la banque centrale américaine (Fed) plus soutenu.

L’institution dirigée par Jerome Powell referme progressivement depuis 2015 le robinet du crédit bon marché dont ont massivement profité les investisseurs durant des années, ainsi que les ménages, créant un sentiment de fin d’âge d’or dans la communauté financière. Les taux ont augmenté quatre fois d’un quart de point cette année.

Après ce premier coup de froid hivernal, le printemps et surtout l’été ont favorisé les investisseurs, grâce notamment aux résultats d’entreprises, permettant aux indices de renouer avec les records historiques entre juin et septembre.

Le parfum d’euphorie a rapidement viré à l’aigre toutefois, les indices plongeant à l’automne lorsque le patron de la Fed a suggéré le 3 octobre que les hausses de taux d’intérêt pourraient encore s’accélérer.

Attaques de Donald Trump

Dépendantes de la bonne santé de l’économie, les valeurs technologiques ont pris le vent de panique de plein fouet: Apple a perdu 6,7% sur l’année mais 32% depuis début octobre et Alphabet (maison mère de Google) 0,8% et 14,5% sur les mêmes échelles de temps.

Décembre a pris des allures de chemin de croix à l’issue de cette fin d’année pénible, le Dow Jones et le S&P 500 affichant leur pire mois depuis février 2009, renouant avec une forte volatilité longtemps disparue des radars. 

Également sensibles aux hausses de taux, les banques ont perdu 14,7% sur l’année, l’une des plus lourdes baisses des onze secteurs qui composent le S&P 500, derrière l’énergie (-20,5%), en raison du plongeon du pétrole.

Les banques doivent répercuter sur leurs clients la hausse des taux, ce qui diminue les volumes de crédits immobiliers et crédits à la consommation qu’elles accorderont désormais. Et donc leurs profits. 

Les inquiétudes liées au resserrement monétaire ont inquiété jusqu’au sommet de l’État: Donald Trump, exaspéré, a tweeté frénétiquement tout le mal qu’il pensait du président de la Fed… qu’il a lui-même nommé fin 2017. 

Mais loin d’être de la responsabilité unique de M. Powell, «la guerre commerciale initiée par le président et ses attaques contre la Fed sont le principal problème que rencontrent les marchés», analyse Ian Shepherdson, analyste pour Pantheon Macro.

Car les différentes vagues de tarifs douaniers, sur l’acier et l’aluminium d’abord, puis sur une large gamme de produits chinois, agrémentées de tweets vindicatifs, ont bien été à l’origine de dégringolades des marchés. 

Washington impose désormais des taxes supplémentaires sur 250 milliards de dollars de biens chinois importés, et Pékin sur 110 milliards de dollars de biens américains.

Donald Trump, qui a souvent utilisé Wall Street comme baromètre du succès de sa politique, a été bien silencieux sur le sujet lors des dernières semaines. Malgré le plongeon récent des indices, il peut encore se targuer d’avoir contribué à une envolée à deux chiffres des trois principaux indices depuis le 8 novembre 2016, date de son élection.