Le projet de train rapide entre Québec et Toronto avance comme prévu
La Presse Canadienne|Publié le 02 octobre 2024Martin Imbleau, chef de la direction du projet de train à grande fréquence de VIA Rail.(Photo: La Presse Canadienne /Christinne Muschi)
Le projet de train à grande fréquence entre Québec et Toronto progresse comme prévu, assure le président et chef de la direction de VIA TGF, Martin Imbleau, qui refuse toutefois de s’avancer sur l’impact que pourraient avoir des élections fédérales et un changement de gouvernement pour la suite des choses.
Les trois consortiums présélectionnés l’an dernier (Cadence, Développeurs Ferroviaires Interurbains et Partenaires Ferroviaires QConnexiON) ont déposé leurs propositions cet été. Le processus d’évaluation est en cours en vue de choisir le partenaire qui co-développera le futur train avec VIA TGF, une filiale de VIA Rail.
Le gouvernement libéral devrait annoncer sa décision d’ici la fin de l’année.
«On respecte nos échéanciers et ça va bien», a affirmé Martin Imbleau en entrevue avec La Presse Canadienne, mardi. Il résumait l’un des messages livrés plus tôt dans la journée lors d’une allocution auprès du Cercle canadien d’Ottawa.
Questionné en entrevue à savoir s’il croyait que le déclenchement possible d’élections fédérales au cours des prochaines semaines pourrait retarder cette étape et nuire à la progression du projet, Martin Imbleau n’a pas voulu commenter.
«Je ne fais pas de politique. (…) On se concentre à faire notre travail, à respecter notre échéancier et à développer un projet pour lequel les Canadiens vont être fiers. Je ne rentrerai pas dans les supputations politiques», a-t-il répondu.
«J’ai un calendrier. L’annonce (sur le choix du consortium) ne m’appartient pas, elle appartient au gouvernement. On va leur laisser prendre leur décision en temps opportun», a-t-il ajouté.
Refusant aussi de s’avancer sur le sort du TGF dans le cas d’un gouvernement conservateur, il a soutenu que son organisation «parle à tous les élus» le long du corridor ferroviaire visé par le projet, où tous les partis politiques sont représentés.
«On entend un support important qui croît derrière ce projet-là parce que c’est transformationnel. Les gens comprennent de plus en plus que d’avoir un train rapide, ça va changer leur vie pour se déplacer. Ça va réduire leurs coûts de transport parce qu’ils vont avoir un train qui va réduire leur temps de trajet de 50%. (…) Ce message commence à percoler», a fait valoir Martin Imbleau.
Le corridor ferroviaire de 1000 kilomètres devrait relier sept villes, dont Québec, Montréal, Ottawa et Toronto.
«Plus ambitieux» qu’un TGV?
Les trois consortiums devaient présenter deux scénarios. Une solution de base à 200 kilomètres/heure et une autre pour voir s’il serait possible d’aller plus vite sur certaines portions du tracé.
Plusieurs voix réclamant la mise en place d’un train à grande vitesse (TGV), comme dans certains pays européens, s’élèvent depuis quelque temps.
Selon Martin Imbleau, le projet de TGF pourrait peut-être se révéler «plus ambitieux» qu’un TGV.
«Si vous regardez les temps de trajet en France du TGV, sur une centaine de tronçons, il n’y en a même pas 20 qui dépassent les 200 kilomètres/heure. Ça s’appelle quand même un TGV.
«Nous, ce qu’on demande aux consortiums, c’est des solutions qui doivent atteindre 200 km/h et d’autres solutions qui dépassent ce niveau-là, donc beaucoup plus vite», a-t-il dit.
Le patron de la société d’État fédérale rappelle toutefois que le plus important demeure la réduction des temps de trajet le plus possible, et non la vitesse de pointe.
«Parce qu’aller à 350 km/h sur 10% du trajet, ce n’est pas gagnant», évoque Martin Imbleau. Il faut que le service soit aussi conçu de façon à limiter le nombre d’arrêts, augmenter la fréquence, assurer la fiabilité et avoir des trajets les plus directs possibles, plaide-t-il.
Le coût précis du futur train demeure pour le moment inconnu, tout comme le moment de sa mise en service, bien que certaines estimations aient déjà circulé dans le passé. D’après Martin Imbleau, il serait actuellement «hasardeux d’aller dans trop de détails», car le «contour du projet n’est pas encore assez défini».
Des calendriers et une estimation du coût seront divulgués lorsque le travail de développement avec le consortium choisi aura davantage avancé, a-t-il mentionné.
L’hiver dernier devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Martin Imbleau avait déclaré que ces informations ne seront pas connues «dans les premiers mois de la phase de codéveloppement», qui pourrait durer de trois à quatre ans.
Par Frédéric Lacroix-Couture